Garcin MALSA et l’indépendance

L’Indépendance c’est un droit naturel reconnu à tout peuple. Lorsque un peuple refuse l’indépendance, il ne se connait pas, il ne connait pas son histoire. Regardez autour de nous, ces mêmes personnes quand elles vont à Sainte-Lucie, elles sont contentes, elles trouvent que c’est merveilleux. Quand elles vont à Barbade,  elles sont contentes, elles trouvent que c’est extraordinaire. Quand elles se déplacent dans la Caraïbe, elles veulent rester dans la Caraïbe donc il y a un paradoxe énorme. Regardez ce qui se passe aux Etats- Unis, aux Etats Unis, il y a beaucoup de gens, il y a même énormément de gens qui font les poubelles, regardez ce qui se passe en France , aujourd’hui il y a effectivement une révolte populaire menée par ce qu’on appelle le mouvement des gilets jaunes alors tout ça devait nous faire penser à notre futur, à ce qui nous sommes.

LA SOUVERAINETÉ

Ce qui est important c’est qu’on ne peut pas effectivement rejeter  cette question d’indépendance, c’est un droit naturel. Comme c’est un droit naturel, refuser ce droit naturel c’est effectivement cracher sur soi-même. Quand les gens dissent qu’il n’y a rien en Martinique, ça veut dire que ces gens-là  pensent que eux-mêmes  ils ne sont rien puisque la ressource principale d’un pays, c’est sa ressource humaine et dans la ressource humaine il y a cette capacité de voir le monde, cette capacité de s’orienter dans le monde , cette capacité de penser le monde et penser le monde c’est d’abord penser Martiniquais, penser Martiniquais c’est se savoir martiniquais, se savoir martiniquais, voilà effectivement des mots très clairs  ce sont des principes même de base. Ce que je veux dire, c’est que ces gens-là ne savent même pas qu’ils sont martiniquais, ils ne pensent pas en tant que martiniquais et ils ne veulent pas être martiniquais. Ce qui est important aujourd’hui et ce qu’il faut savoir, tous les pays aujourd’hui vivent en inter dépendance, en inter connexion. La question de l’indépendance, c’est une  question  d’indépendance maîtrisée dans les indépendances et ça c’est très important ce que j’appelle au MIR et au MODEMAS :  la souveraineté. La question fondamentale qu’il faut poser aujourd’hui, c’est cette question de souveraineté, de pleine souveraineté. D’ailleurs au niveau de la Nouvelle Calédonie cette question est posée de façon claire et nette et poser cette question de pleine souveraineté, c’est déjà construire tous les espaces de souveraineté.

LES ESPACES DE SOUVERAINETÉ

On ne peut pas admettre que nos espaces de souveraineté, la souveraineté alimentaire,  la souveraineté au niveau de la santé, la souveraineté au niveau de l’éducation, tous ces espaces de souveraineté ne nous appartiennent pas et sont aux mains d’autres personnes qui sont ailleurs et c’est pourquoi  nous sommes effectivement des colonisés. Ca ne semble pas déranger grand monde regardez ce que disent les gens. Les gens disent , nous consommons bien , nous consommons quoi ?  Nous consommons tout ce qui vient de l’extérieur  alors que nous avons énormément de productions à l’intérieur du Pays. Oui on peut effectivement  être auto-suffisant. La Martinique l’a démontré en d’autre temps. Il faut de la solidarité, il faut développer des bases de solidarité, il faut construire un autre monde  et ça c’est possible. Construire un autre monde c’est-à-dire revenir sur les valeurs essentielles que nous avons aujourd’hui, les valeurs essentielles c’est nous-même, les valeurs essentielles c’est la solidarité.

Il y a plusieurs partis indépendantistes, c’est pas un drame, les partis indépendantistes vont se retrouver à nouveau. C’est pas parce qu’il y a des imposteurs parmi les indépendantistes qu’il faut dire que l’indépendance n’est pas possible,  Non seulement l’indépendance est possible, c’est à dire oser même penser que l’indépendance n’est pas possible, c’est penser qu’on n’est absolument rien, c’est penser que « ou pa an moun » « ou pas pèson »

Il y a des imposteurs partout,  je ne vais pas vous citer qui. Il suffit de voir effectivement comment ça se passe aujourd’hui sur cette question du drapeau, C’est une imposture  totale, il faut que dans le système actuel dans le contexte actuel il faut que nous mettions en place des espaces de souveraineté . Allons conquérir ces espaces de souveraineté au niveau de la santé, au niveau de l’éducation, au niveau de l’agriculture, au niveau du foncier, Comment pouvez-vous admettre que dans un pays sous démocratie française qu’il y ait 0% de la population qui maîtrise tout , qui maîtrise l’économie, qui maîtrise  pratiquement tout y compris la culture, c’est un drame donc il y a un problème qui se pose ce qui veut dire effectivement nous sommes là dans un système totalement colonisé , totalement aux mains de certaines personnes et il faut casser ce système.

LE DRAPEAU ROUGE VERT NOIR.

Il faut se demander si ce sont de véritables indépendantistes ou si ce sont des imposteurs. Moi je pense que ce ne sont pas des indépendantistes. On ne peut pas aujourd’hui avoir un indépendantiste à la tête d’une collectivité territoriale de Martinique et que cet indépendantiste arrive à faire une concurrence de drapeau, c’est quand même inadmissible. Nier l’histoire, nier la construction même de ce drapeau, la manière dont ce drapeau a été mise en place, c’est toute une histoire : c’est Chalvet, c’est effectivement les grandes grèves que nous connaissons, c’est effectivement Cézaire, c’est Manville, c’est Fanon, c’est tous ces gens- là, c’est Cabort-Masson ce sont ces gens qui ont construit une structure mentale des martiniquais. Cette structure mentale des martiniquais, nous devons la préserver et je suis très content qu’aujourd’ hui il y a des artistes qui montent au créneau et pas des moindres qui disent oui je suis gilet

Il y a des organisations indépendantistes qui se voient régulièrement, il y a dans ce pays des indépendantistes qui travaillent d’arrache pied aux côtés d’organisations économiques, aux côtés d’organisations syndicales.

LE MIM N’EST PAS UN PARTI INDÉPENDANTISTE

Le MIM ce n’est pas un parti indépendantiste, il y a une dérive totale de ce mouvement indépendantiste  la preuve regardez effectivement le mariage qui a été fait, c’est un mariage contre nature. Je ne vais pas passer mon temps la dessus, ce n’est pas important pour nous. Ce qui est important pour nous c’est de voir comment nous allons construire la Martinique. Il faut savoir que effectivement il faut se penser martiniquais, se savoir martiniquais, et dire de façon très claire et nette, et bien nous ne sommes Français, ni par la culture, ni par la géographie, ni par les intérêts ni par le futur , ce sont des principes de base qu’il faut poser  et à partir de là il faut commencer à construire et ça s’est fait dans d’autres périodes, la période de l’Amiral Robert sé moun an mété grif an tè é yo té ka produi, il y a des productions qui se font aujourd’hui c’est faire en sorte que nous allions de plus en plus vers ce qu’on appelle une économie sociale  et solidaire. Rassembler tous ces producteurs qui sont éparpillés un peu partout ce n’est pas de leur faute, qui ont des crédits et qui sont effectivement dans des difficultés pour leur permettre de sortir dans leur souffrance. C’est ça le travail des vrais indépendantistes.

LES JEUNES

On a fait de nous un peuple de consommation, cela peut changer mais  c’est à nous de savoir ce que nous voulons . Il faut cesser de pleurer et mettre nos griffes en terre pour pouvoir avancer, ça c’est possible. Je vois la réaction au niveau des jeunes, ils s’organisent de plus en plus dans ce pays  qui s’organisent ici, qui s’organisent ailleurs  et qui pensent de plus en plus à leur pays, ils sont à l’extérieur et ils pensent à leur pays, ils disent effectivement comment nous allons pouvoir faire en sorte que ce pays , cette merveille que nous avons, et bien , puisse faire en sorte que demain elle arrive à nourrir tous ses enfants . Regardez ce que nous avons comme richesse en eau, regardez ce que nous avons comme richesse en air, regardez ce que nous avons comme richesse en matière de biodiversité sous- marine , biodiversité terrestre . Nous faisons tout honneur à la France , quand la France parle de nous et ça nous devons effectivement nous pencher très sérieusement sur ça. Il y a aujourd’hui une forme d’économie qu’il faut développer sur la base de l’écologie politique et ça c’est très important. On a pendant très longtemps pensé que l’économie devait être effectivement le tout monde. On a fait comprendre que sans cette  économie capitaliste on n’allait pas développer un pays  et bien nous arrivons aujourd’hui à la fin de ce monde capitaliste  et il faut absolument faire en sorte qu’à partir de ce que nous avons , à partir de nous-même et bien nous arrivions à créer nos propres richesses à partir de nos ressources et ça c’est très important, c’est la base même de l’écologie politique .

LA RÉPARATION

Il y a une grande question aujourd’hui qui est posée sur le plan international, c’est la question des réparations . Comment les anciennes colonies doivent être réparées parce que  les anciennes métropoles les ont pillé et grâce au travail des colonisés ces métropoles se sont organisées, se sont développées, se sont même enflées de la richesse et du travail de ces colonisés. C’est ça la réflexion fondamentale. Et quand nous demandons réparation, cette question de réparation c’est pas une question qui est posée au sein de la Martinique seulement, elle est posée dans le monde , elle envahi le monde c’est-à-dire que tous les pays anciennement colonisés, et bien tous ces pays- là, tous ces peuples colonisés posent cette question de réparation vis-à-vis de leurs anciennes métropoles y compris au niveau du Japon , de la Chine , de l’Inde, on parle même de justice réparatrice. Cette justice réparatrice et bien nous la posons quand nous parlons non seulement d’indépendance quand nous  parlons effectivement de souveraineté. Donc je répète la question d’indépendance ne devait même pas se poser nous devons dire par nature même et bien un peuple doit être reconnu  comme un peuple indépendant ça ne pose pas de problème, la question fondamentale qui doit être posée, c’est la question de la souveraineté optimale  c’est la manière de maîtriser les inter dépendances qui sont à nos portes

METTRE EN PLACE UN SYSTEME DE DÉSOBÉISSANCE CIVILE

Je voudrai dire pour terminer que de toutes les façons  ce qui est inévitable, nous allons vers un bouleversement global, ce bouleversement global doit passer par ce que j’appelle de mes vœux ,et bien une prise de pouvoir par les citoyens , une prise de pouvoir par le peuple . Peut- être faut-il mettre en place un système de désobéissance civile, désobéissance civile à l’intérieur même du système, ça c’est possible. C’est pourquoi effectivement je suis très fier du drapeau rouge vert noir, je suis très fier des artistes qui montent au créneau pour faire comprendre qu’il faut respecter toutes les valeurs qui sont portées par ce drapeau rouge vert noir et tout ce projet qui est derrière ce drapeau rouge vert noir.

Des extraits de son intervention sur VIA ATV du 18-01-2019