Alfred Marie-Jeanne

Martiniquaises, Martiniquais,
La vocation du Monde est de concevoir sa mutation perpétuelle.
Ne pas la reconnaitre, c’est être viscéralement rétrograde.
La nier, c’est plus encore, c’est réfuter la créativité de l’Homo Sapiens, ce penseur universel, que nous sommes.
Cependant cette mutation n’engendre pas, que des progrès.
Ce qu’il faut dénoncer, ce sont tous les dégâts humains causés. Nous sommes témoins aussi de la résurgence de nombreux fléaux que nous croyions révolus. Le racisme est un exemple patent. La Haine, un autre.
Ce qu’il faut condamner avec vigueur, ce sont les atteintes graves portées à la Nature, malgré les avertissements des experts. Et nous subissons impuissants les menaces du réchauffement climatique.
Ce qu’il faut refuser ce sont les conditionnements qui agissent à travers les réseaux sociaux et commerciaux. Nous perdons en authenticité, en intelligence collective et en humanité.
La Martinique n’est pas épargnée par ces évolutions et leurs conséquences funestes.
Le vivre ensemble est sans cesse perturbé, par des agissements déplorables, incompréhensibles et hautement dommageables à tous les égards pour le renom de notre Pays.
Devant de tels faits regrettables, il devient impératif de promouvoir l’apaisement dans les relations sociales, en rejetant toute forme d’exclusion et de violence, calculée et entretenue.
Il importe de raffermir les liens sociaux et intergénérationnels, pour contrecarrer les effets du recul démographique et du vieillissement.
Il est primordial de sortir de l’étau étouffant d’une économie tournée exclusivement vers l’import et la consommation.
Les réponses et adaptations à ces enjeux s’inscrivent aussi dans la solidarité avec nos voisins de la Caraïbe.
Ces exigences, la Collectivité Territoriale de Martinique aura à les traduire dans ses décisions et mesures pour l’année à venir et les suivantes.

Le trépied éducation-formation-apprentissage devra être repensé pour mieux correspondre aux nécessités de l’économie. Notamment de l’économie bleue et de la croissance verte.

La stratégie d’innovation devra inspirer tous les dispositifs de recherche et de développement. Le Très Haut Débit est déjà sur rails.

La politique culturelle devra favoriser l’essor d’une véritable industrie.
Rien ne se fera sans révision en profondeur et maîtrise de nos moyens et ressources. Car nous ne sommes pas sortis de l’obligation d’assainissement de nos finances.
Malgré toutes ces contraintes et ces inattendus, à l’impossible je suis tenu !
J’attends de vous une main tendue et solidaire.
An sèl dwet paka manjé kalalou.
Bonne Année 2018 à chacune et à chacun de vous.
Bon lanné ek plis fos ba Matinik
Mèsi an Pil
Mèsi An Chay
Alfred Marie-Jeanne,

LISE

Claude LISE

Mes Chers Compatriotes,

L’année qui s’achève nous laisse en mémoire beaucoup d’images. Certaines vont durablement marquer nos esprits et alimenter notre réflexion. Je pense ainsi à ces migrants entassés dans les pires conditions dans un marché de Libye, pour être vendus à la criée, comme des marchandises. Ces images viennent évidemment nous rappeler que l’esclavage est encore une réalité de nos jours. Mais surtout, elles nous font prendre conscience de l’ampleur des combats à mener pour que, dans sa marche vers le progrès, notre humanité ne soit pas submergée par la barbarie.

Je pense encore aux images bouleversantes de la catastrophe provoquée dans notre région par la tempête IRMA. Nous n’avons été que peu touchés en Martinique, mais nous avons pu prendre la mesure de notre vulnérabilité face à des phénomènes naturels dont la fréquence et la violence semblent appelées à croître dans les années à venir.

L’occasion, là aussi, d’une salutaire prise de conscience. Celle de la nécessité de relancer et d’amplifier la politique de prévention des risques naturels et de promotion de la culture du risque qu’avait initiée et développée pendant des années l’ex-Conseil général. Celle de la nécessité aussi de renforcer nos liens de solidarité et d’échanges avec tous nos voisins de la Caraïbe.

Ce sont déjà là des vœux pour 2018 ! Mais que pouvons-nous raisonnablement attendre de cette nouvelle année ? Et avec quelles résolutions aborder celle-ci ?

Il y a malheureusement peu de chance de voir changer notablement le cours du Monde ; de voir s’atténuer les souffrances de centaine de millions de victimes innocentes de conflits armés, d’actions terroristes et d’opérations d’épuration ethnique ; ni celles d’un nombre infiniment plus important d’êtres humains victimes des conséquences sociales et environnementales des politiques économiques menées par de nombreux gouvernements et des actions prédatrices de firmes multinationales et de grands groupes financiers.

Il ne faut pas pour autant se laisser gagner par un sentiment d’impuissance. Il importe que chacune et chacun de nous ne perdent aucune occasion de manifester son indignation et de la faire entendre à ceux qui ont le pouvoir de faire évoluer les choses vers un monde plus humain.

Notre Martinique, pour sa part, va évidemment continuer à faire face aux conséquences d’une situation économique et sociale toujours très préoccupante. Les Assises des Outre-mer seront, bien sûr l’occasion, pour les responsables politiques et l’ensemble des forces vives de l’Ile, de faire des propositions en vue d’endiguer un chômage d’un niveau insupportable -qui touche plus d’un jeune sur deux- et pour améliorer le sort d’un pourcentage important de personnes, notamment de seniors, vivant au-dessous du seuil de pauvreté. Elles seront l’occasion également d‘évoquer les graves difficultés que traverse notre système de santé ainsi que les problèmes concernant la préservation de notre patrimoine naturel.

Le Gouvernement se rendra compte que ce ne sont pas les idées qui manquent, ni les atouts, mais un minimum de moyens indispensables et, surtout, la volonté de donner un contenu concret à ce que le Président de la République a appelé « l’ère de la différenciation ».

Cela devra notamment se traduire, en dehors de l’adaptation à notre réalité d’un grand nombre de normes, par une plus juste appréciation des besoins de nos collectivités territoriales confrontées toutes à des difficultés financières d’ordre structurel.

La CTM devra évidemment faire l’objet d’une attention particulière, vu les conditions dans lesquelles elle a été mise en place (notamment un texte législatif mal conçu et dont la mise en œuvre fait débat, mais aussi un important passif financier) et compte tenu de l’étendue de ses missions.

Les élus de l’Assemblée que je préside sont en tout cas tous animés de la volonté de servir ceux qu’ils ont l’honneur de représenter.

Ce que je souhaite, c’est que ces élus, mais aussi tous les autres élus martiniquais, aient toujours à cœur, dans des temps difficiles, de dépasser les préoccupations partisanes et les querelles dérisoires pour se laisser guider avant tout par l’intérêt général martiniquais. Et cela se veut d’ailleurs un véritable appel à la responsabilité de tous les responsables !

Mais je tiens bien sûr à adresser aussi, à chacune et à chacun de vous, mes souhaits plus personnels : puisse cette nouvelle année vous apporter santé, succès dans vos projets, réalisation de vos espérances et tout le bonheur possible !