MANIFESTATION POUR DIRE NON A LA PRESCRIPTION

Indignés face à la menace de prescription concernant la plainte de plusieurs associations pour mise en danger de la vie d’autrui et empoisonnement dans le scandale du chlordécone, une quarantaine d’associations, de mouvements et autres syndicats appellent la population à descendre dans la rue, à Fort-de-France, le samedi 17 février 2021. Objectif : exiger la justice dans le dossier des plaintes déposées contre les responsables de l’empoisonnement au chlordécone.

Les manifestants ont rendez-vous ce samedi à 8 heures 30 devant la Maison des syndicats. Le cortège démarrera son circuit au son des « tanbouyés ». Un rassemblement final aura lieu à la Savane.

Le même jour à PARIS aura lieu une MANIFESTATION de protestation contre l’empoisonnement au chlordécone, la menace de non-lieu et contre la répression. Il aura lieu place de la République à partir de 13H30, donc coordonné dans le temps avec la manif de Martinique. Il est organisé par des associations martiniquaises et guadeloupéennes.

L’Eglise catholique a participé à la manifestation de ce samedi.  En amont, le comité pesticide de la pastorale sociétale et les mouvements d’action catholique avaient  écrit une intention de prière à dire lors des messes. Elle a été approuvée par l’archevêque de Saint-Pierre et de Fort-de-France, Monseigneur David Macaire.

L’Union des femmes faisait partie de la mobilisation.
Encore des messages pour mettre en avant les conséquences de l’utilisation du chlordécone .

UNE MOBILISATION MOINS FORTE A PARIS

 

 

Ce lundi 1er mars 2021, les représentants des différentes associations, syndicats, ou autres collectifs, s’étaient donnés rendez-vous à la maison des syndicats pour faire le point sur la manifestation populaire de samedi, mais surtout sur la suite qui lui sera réservée.

Plusieurs propositions émanent de cette rencontre dont les principales sont la poursuite du combat unitaire et la fixation d’une date butoir pour que la justice puisse instruire cet épineux dossier qu’est celui de l’empoisonnement au chlordécone de notre population.

Aucune date précise n’est sortie de cette réunion mais ce qui est certain c’est que les prochaines mobilisations n’auront pas la même forme. Christian DACHIR militant du secteur agricole précise ; « Faut savoir que la suite des opérations ne va pas ressembler à ce qui s’est produit samedi. Le mouvement sera beaucoup plus fort. Les prochaines manifestations seront plus fortes et elles seront ciblées, je dis bien ciblées sur les symboles de l’état. »
Pour Bertrand Cambusy, il faut éviter l’éparpillement : « On sait très bien que quel que soit le sujet, il y aura toujours des organisations, des gens, qui voudront montrer leur maillot en quelque part, mais ce qui importe aujourd’hui, je crois qu’il faut aller beaucoup plus loin que ça, sortir de ce cliché là et aller vers une situation unitaire. »

Un autre intervenant pense que : « Ce n’est pas en marchant dans les rues tous les samedis que ça résoudra le problème, il y a d’autres dispositions à prendre et je pense qu’il est possible de faire des actions dans le même sens que celles commencées par les jeunes militants.»

Pour l’instant les grandes lignes évoquées par les participants ont été  enregistrées et seront  affinées très prochainement.

GENIPA TEMPORAIREMENT FERMÉ APRES L’ACTION DES RVN

Ce samedi 27 février, alors qu’un appel au plus grand rassemblement était lancé par une quarantaine d’associations des 8heures à la maison des syndicats pour dire non au non-lieu et à la prescription dans l’affaire de l’empoisonnement à la chlordécone, une quinzaine d’activistes se sont présentés devant la grande surface avec pour objectif de la faire fermer.

Un objectif qu’ils ont atteint puisqu’ après la mise en place d’un cordon de sécurité par les gendarmes, la direction décide d’évacuer les clients et de fermer temporairement le centre.

Peu de temps après on pouvait lire ce message sur la page facebook du centre commercial : « Chers clients, nous vous informons qu’en raison de la présence de manifestants sur le site, nous fermons temporairement le Centre Commercial Genipa pour la sécurité des clients et du personnel. Nous vous tenons informé sur notre page de l’évolution de la situation. Merci de votre compréhension. »

Finalement le centre est resté fermé car les activistes sont restés sur place, ils ont même dormi sur le parking.
Déjà sur place le dimanche, ils ont empêché aux agents de sécurité d’éteindre des feux  qu’ils avaient eux même mis dans des poubelles. Pour interdire l’entrée à l’hypermarché, ils n’ont pas hésité à se coucher au sol.

 

POUR UNE ECOLOGIE URBAINE VA SAISIR LA COUR D’APPEL DE PARIS

 Chlordécone : Pour une écologie urbaine va saisir la Cour d'appel de Paris

A l’annonce de l’éventuel non-lieu suite à la plainte déposée depuis 2007 par 5 associations Martiniquaises et Guadeloupéennes, les parties civiles sont très mécontentes et parmi elles,  l’Association Pour une Écologie Urbaine, organisait ce vendredi 12 mars 2021, une conférence de presse à l’hôtel Impératrice à Fort-de-France.

Entourée  de ses trois avocats l’association  a annoncé qu’elle allait saisir la Cour d’appel de Paris à la possibilité de ce non-lieu. Afin de contrecarrer cette éventualité, le bâtonnier Raphaël Constant envisage quatre actions pouvant débloquer la situation. Par ailleurs, les avocats souhaitent que le crime d’empoisonnement soit retenu dans cette procédure, comme l’explique Maitre Corinne Boulogne Yang Ting. Enfin, les avocats de l’association dénoncent les accusations à leur encontre d’avoir laissé courir la plainte sans l’avoir relancé depuis 2007. Par ailleurs, ils demandaient le lancement d’une étude épidémiologique pour toute la population.

 

DECLARATION DU PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE DE PARIS
Dans les colonnes de France Antilles du 16 mars, le procureur de la république de Paris, en charge de la plainte liée à l’utilisation du chlordécone aux Antilles déclare que la prescription semble inévitable et aurait même été effective dès le dépôt de plainte en 2006.

Il déclare  au sujet de la disparition de certaines pièces, selon lui « aucune pièce d’instruction n’est manquante dans l’épais dossier qui se trouve sur le bureau du tribunal judiciaire de Paris. Aucune pièce n’a disparu ».
Réagissant aux propos du procureur de Paris, Harry Durimel, estime que les infractions relevées sont intemporelles « c’est une tentation automatique voir naturelle de l’Etat d’occulter ses fautes ».

Une grande manifestation est prévue le 10 avril prochain en Martinique pour dénoncer la possible prescription de cette plainte


BERNARD HAYOT REAGIT AUX PROPOS DE GARCIN MALSA

Interrogé dans le journal de RCI du jeudi 18 mars, Garcin Malsa ancien maire de Sainte-Anne a estimé entre autres qu’il ne fallait pas que le groupe GBH « soit impuni en Martinique ». En plus concernant Bernard Hayot il précisait que : « un président de la République peut être condamné, ici, en Martinique, il y a un homme, un seul homme, qui est maître du monde, maître de la Martinique et qui peut faire ce qu’il veut ».
Face à ces propos et dès le lendemain, le patron du Groupe GBH, par voie de communiqué dénonce ; des propos mensongers au sujet de sa responsabilité dans l’affaire du chlordécone. Et en préambule il dit : « Ces propos volontairement diffamatoires et mensongers sont inacceptables, venant en plus d’un homme public de la Martinique »,en plus il précise « je veux donc rappeler la vérité à ce sujet : Je ne suis en rien responsable, pas plus que les sociétés du Groupe GBH, des problèmes liés à l’importation de chlordécone, monsieur le député Serge Letchimy, président de la commission d’enquête parlementaire sur l’impact économique, sanitaire et environnemental de l’utilisation du chlordécone l’a d’ailleurs confirmé dans ses récentes déclarations sur sa page Facebook du 9 février 2021 ».
En conclusion  Bernard Hayot précise : « La gravité des déclarations le contraint à engager des poursuites judiciaires pour diffamation publique ».

 

 

DEBAT SUR FRANCE – CULTURE

Chlordécone : une réparation impossible ?

Ce mercredi 7 avril 2021, France-Culture, dans l’émission « Le temps du débat »   organisait un débat sur le thème : « Chlordécone : une réparation impossible ? », avec trois invités : Edwige Duclay, ingénieur agronome, directrice du projet chargée de la coordination du plan chlordécone IV, Harry Durimel : Maire de Pointe-à-Pitre et avocat des parties civiles guadeloupéennes dans le dossier du chlordécone et Malcom Ferdinand, Ingénieur en environnement de University College London, docteur en philosophie politique de l’université Paris-Diderot et chercheur au CNRS (IRISSO / Université Paris-Dauphine)

Quelques extraits de ce débat :

  • Edwige Duclay, « il est vrai que cette molécule, un pesticide organochloré très persistant et très rémanent est toujours présent dans l’environnement il contamine une partie des sols aux Antilles, en Martinique et en Guadeloupe et c’est vrai qu’il contamine aussi certains produits alimentaires de la chaîne alimentaire, les légumes racines, les œufs et certains animaux qui ont été exposés à cette contamination. C’est vrai que la présence de ce pesticide dans l’environnement a des impacts à la fois via la chaîne alimentaire et également des impacts économiques puisque certaines activités sont directement affectées. Vous avez en Martinique par exemple le tiers du littoral qui est interdit à la pêche et certains aliments sont interdits à la consommation et retirés du marché à l’issue de contrôles. C’est important de dire sur le sujet que par l’ampleur de la pollution et par sa durée dans le temps, c’est un vrai enjeu à la fois sanitaire économique et environnemental et c’est bien l’objectif du plan, de pouvoir protéger la population.
  • Harry Durimel « Justement ce dont on a pâti le plus c’est de l’inertie, le temps a toujours été utilisé contre nous parce que, en amont de notre plainte ce qui a joué c’est la loi de l’omerta. On a caché aux antillais, Martiniquais, Guadeloupéens, qu’ils s’empoisonnaient chaque jour et ce n’est que parce que 1,2 tonne de patates douces contenant du Chlordécone, une cargaison qui arrivait à Dunkerque  que là,  le procureur de la République va ordonner l’incinération de cette cargaison avant que ça ne quitte le port.
    Donc lorsque ça a quitté la Martinique et que ça n’empoisonnait que des Antillais, il n’y avait pas de problème chlordécone et à partir du moment ou on a menacé le sol hexagonal, tout de suite c’est devenu une affaire et donc le silence, la loi de l’omerta qui a consisté à cacher aux Guadeloupéens et aux Martiniquais qu’ils s’empoisonnaient en buvant et en mangeant la production locale c’est encore cela qui a été utilisé contre nous depuis qu’on a déposé la plainte. La loi du silence du déni pour à la fin venir nous dire que finalement il est trop tard. On nous a caché, on nous a dissimulé l’empoisonnement et maintenant on vient nous dire qu’il fallait porter plainte avant que vous ne le sachiez. Voilà ce que nous ressentons quand j’entends ces belles paroles présidentielles et ministérielles je me dis quand même on continue de nous prendre pour des idiots.
  • Malcom Ferdinand (Auteur du livre :  «  Une écologie décoloniale » )

    Pour peut-être revenir sur les propos du Président Macron, quand il  parle d’une époque révolue , c’est bien sûr très large, il faut savoir qu’en 1968, 1972, les premières années où on va autoriser le chlordécone aux Antilles, nous étions déjà dans une époque où l’on retirait  les    organochlorés c’est pour cela que la première demande d’autorisation de cette molécule  à la commission en charge d’autoriser ces molécules, elle a été négative. Donc il y avait déjà des informations très tôt disant que c’était dangereux, deuxième chose, effectivement en 1974 , la production de chlordécone  aux Etat-Unis a été interrompue sachant que c’était cette production là qui alimentait le chlordécone répandue aux Antilles. Ca veut dire que les compagnies, étaient au courant et que malgré tout , ces entreprises ont décidé de fabriquer eux-mêmes le produit afin de continuer donc à empoisonner les terres et les antillais.


Paris, le 20 avril 2021
COMMUNIQUE DE PRESSE
Scandale du chlordécone :

l’Etat doit assumer ses responsabilités et les responsables indemniser les victimes !
Les Collectivités et Régions d’Outre-Mer, réunies ce mardi 20 avril 2021, à l’initiative du Président Alfred Marie-Jeanne, dans le cadre de la Commission Outre-Mer de Régions de France, ont fait le point sur le scandale du chlordécone.
L’utilisation massive et prolongée du chlordécone dans les bananeraies de Guadeloupe et de Martinique pendant plusieurs décennies a provoqué un désastre sanitaire sans précédent dans ces territoires de la République française : plus de 90% des population de ces deux régions sont directement impactées et subissent de plein fouet les conséquences de l’utilisation de ce pesticide.

Aux préjudices humains s’ajoutent les dégâts considérables pour les terres agricoles, l’environnement et la biodiversité, au travers notamment de la pollution durable des nappes phréatiques et des cours d’eau, et également l’impact négatif sur l’agriculture et le tourisme, moteurs essentiels du développement économique et social de la Guadeloupe et de la Martinique.

Ainsi les Collectivités et Régions d’Outre-Mer demandent à l’Etat de reconnaître et d’assumer toutes ses responsabilités dans cette pollution qui constitue un scandale majeur de la République française.

« L’Etat ne peut pas se réfugier derrière des considérations et des arguties d’ordre juridique pour échapper à ses responsabilités. Nous exigeons de l’Etat et aussi des acteurs économiques responsables de cette pollution la prise en charge de l’intégralité des coûts liés à la réparation, notamment en indemnisant les victimes à la hauteur des souffrances et des préjudices subis», déclarent les élus de la Commission Outre-Mer de Régions de France.
Les élus appellent à « une véritable solidarité nationale » à l’égard de ces deux régions françaises profondément meurtries et durablement touchées.
PJ : la déclaration de la Commission Outre-mer