Manifestation des ouvriers agricoles empoisonnés.

Les ouvriers et ouvrières agricoles victimes du chlordécone ont organisé, ce samedi 27 mars  une journée de mobilisation pour clamer leurs souffrances et surtout demander  justice. Environ 400 personnes étaient présentes au premier point de ralliement de la place de l’Abbé Grégoire aux Terres Sainville . Le cortège a ensuite arpenté le centre ville de Fort de France  au son des conques de lambi et des nombreux slogans.

Pour bien montrer la souffrance de cette population impactée directement par cet empoisonnement aux pesticides, le collectif avait bien organisé les choses en prévoyant des fauteuils roulants  et même des ambulances pour ceux qui avaient des difficultés à se déplacer.

De nombreux témoignages ont été enregistrés :

Patricia a perdu son mari qui a succombé à l’âge de 46 ans de deux cancers. Sa fille Célia l’accompagne.

« J’ai perdu mon époux. Il avait le cancer du colon et le cancer pancréas. C’est pour ça que nous sommes là aujourd’hui. Afin de revendiquer nos droits ».

Christiane, ancienne ouvrière, a commencé à travailler dans la banane durant son adolescence. Aujourd’hui, elle est handicapée à 100%.

« Pendant que mes parents travaillaient la banane, moi je mettais des produits dangereux aux pieds des bananiers. Mon frère a travaillé dans les bananes est aujourd’hui malade. Mon père est décédé d’un cancer de la prostate. Mon autre frère est lui aussi décédé d’un cancer de la prostate. Ma mère est décédé du cancer du colon. »

Après avoir manifesté dans Fort-de-France, les ouvriers agricoles sont partis en caravane en direction du Lamentin pour rendre un hommage aux travailleurs abattus le 24 mars 1961, rue du 24 mars au bourg du Lamentin.

Puis direction le quartier Bochette au Lamentin, où il est prévu : une table ronde sur le thème « Quelles actions communes et consensuelles pour poursuivre la lutte pour la réparation du crime d’empoisonnement? » ,la projection du film de Camille Mauduech “La conquête de la dignité”, un moment bèlè avec le groupe Kannigwé et enfin l’interventions musicales de Dédé Saint-Prix, Kolo Barst et Ralph Thamar.

À l’initiative du Comité d’Organisation du 10 Mai, du Collectif Zéro Chlordécone Zéro Poison, et du Mouvement International pour les réparations (MIR), dans la lignée de la journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage, s’est tenue une manifestation ayant pour objet de rendre hommage aux ancêtres ayant subi ce crime contre l’humanité,  de continuer à en dénoncer les conséquences, et de soutenir les  travailleurs agricoles de la Martinique empoisonnés par les pesticides.

Naema Reinette Dubot, du collectif Zéro chlordéchone Zéro poison, de déclarer : « Nous faisons un lien direct entre l’esclavage et l’empoisonnement aux pesticides. Lorsqu’au mois de janvier 2021, la justice française nous annonce qu’elle se dirige vers une prescription dans l’affaire chlordécone, on considère que c’est encore un déni de justice et un déni d’humanité »,