Avec une très forte abstention, le Non l’emporte pour la troisième fois à 96,5%
Avec l’appel à la non-participation des indépendantistes, le taux d’abstention a explosé par rapport aux deux précédents scrutins et le Non l’emporte largement, à 96,5% des voix, dans la troisième et dernière consultation référendaire en Nouvelle-Calédonie.
Une victoire écrasante à nuancer par la très faible participation. Sur environ 185 000 électeurs inscrits, seul 80 000 se sont déplacés dans les 307 bureaux de vote, soit 43,88% d’entre eux. Un scrutin marqué par l’appel à non-participation des indépendantistes. Ils n’ont pas pris part à la campagne électorale officielle mais ont multiplié les appels à ne pas aller voter.
D’ailleurs dans les communes ayant voté majoritairement pour le Oui en 2018 et en 2020, certains bureaux de vote sont restés quasiment déserts. Des assesseurs s’inquiétaient de l’impossibilité pour certains électeurs de se déplacer en raison de la pré-alerte cyclonique et du risque de débordements des rivières en raison des fortes pluies annoncées.
A 8h30, au bureau de vote de Tiéti, à Poindimié, l’urne est toujours vide.
Pas d’incidents en marge du scrutin.
Seuls faits à déclarer, un barrage routier érigé dans la matinée puis démonté par les gendarmes sur un axe de l’Île des Pins. Des manifestants avec des banderoles contre le vote s’étaient aussi installés à l’entrée sud de Païta. Enfin, le général de division Marietti, commandant des forces de gendarmerie pour le référendum, évoque « deux faits majeurs qu’on pourrait signaler sur la veille des réseaux sociaux : un appel à la destruction des urnes, la personne est actuellement en garde à vue, et un autre appel, à la destruction par des moyens explosifs. »
Cette troisième consultation, prévue par l’Accord de Nouméa, se déroulait sous très haute surveillance. Environ 2000 gendarmes et policiers étaient déployés en renfort sur l’île et des arrêtés interdisant la vente d’alcool ou de carburants à emporter ainsi que le port d’armes ont été pris. Plusieurs commerces ont fermé leurs portes plus tôt, voire pour la journée.
Taux de participation.
À 17 heures, ce 12 décembre 2021, le haut-commissariat de la Nouvelle-Calédonie a dévoilé l’estimation du taux de participation. Il est de 41,60%. Pour rappel, en 2018, À 17 heures, l’estimation du taux de participation était de 73,68% contre 79,63% en 2020. Une baisse significative par rapport au référendum de 2020.
Réactions d’une partie de la classe politique de l’Hexagone.
« Ce 12 décembre ne constitue (…) en aucun cas une fin, mais est une étape essentielle pour la Nouvelle-Calédonie« , a réagi dans la foulée le premier ministre Jean Castex, dans un communiqué, promettant de conduire les discussions en vue d’un « nouveau dialogue » entre les Calédoniens et la France.
« [Le résultat] va au-delà de mes espérances. C’est un grand moment de bonheur. La Nouvelle-Calédonie, c’est la France. Les Outre-mer sont la France (…) Il faut faire de la Nouvelle-Calédonie un phare du Pacifique. » Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France.
« Le résultat de ce scrutin ne doit pas être perçu comme un aboutissement, mais comme le point de départ d’une relation renouvelée entre la France et les populations calédoniennes. Ce 12 décembre n’est pas un jour de victoire ou de défaite ; c’est un rendez-vous pris avec l’Histoire« .Le président du Sénat Gérard Larcher.
« Moins d’un électeur sur deux a voté en Calédonie. Les indépendantistes ne reconnaissent pas le vote. Retour à la case face à face« , Jean-Luc Mélenchon.
« Le résultat du référendum (…) entaché par une abstention très politique et par l’ampleur de la pandémie et la période de deuil« . Fabien Roussel.
» Après le 96% du non au référendum boycotté par les kanaks, Macron déclare cyniquement que la Nouvelle-Calédonie restera française. Or la question n’est pas réglée. La lutte légitime pour l’indépendance de la Kanaky contre le colonialisme de l’Etat français continuera. Solidarité « . Philippe Poutou.
« Aujourd’hui, nous avons enfin abouti au terme de ce processus donc nous devons nous en satisfaire parce qu’il est important que la parole de l’État soit respectée, que les engagements pris par nos prédécesseurs soient tenus et c’est ce que nous avons fait. » Yaël Braun-Pivet, qui préside la commission des lois à l’Assemblée nationale.
Le PALIKA dépose un recours auprès du Conseil d’Etat.
Le Palika était réuni en Assemblée générale samedi dernier à Wagap du côté de Poindimié. L’occasion de revenir sur la troisième consultation avec un constat : la consigne de non-participation a été suivie, avec près de 103 483 abstentionnistes.
Une non-participation, qui interroge sur la sincérité du scrutin qui « s’est fait sans le peuple kanak », assure Charles Washetine son président. « Les conditions d’organisation du scrutin ont donc altéré la sincérité de la 3e consultation ».
Un recours en ce sens a été déposé auprès du conseil d’Etat hier par les membres du groupe UNI au Congrès. « L’abstention est la grande gagnante de cette consultation », ajoute Charles Washetine. D’autres recours devraient également être effectués dans les prochaines semaines.
Le Palika assure enfin vouloir reprendre les discussions autour des questions institutionnelles avec le prochain gouvernement, à l’issue de l’élection présidentielle – une décision déjà été actée par le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, lors de son passage – et évoque un calendrier plus étendu, à l’horizon 2024.
Le parti se retrouvera les 14, 15 et 16 janvier prochains, à Témala à Voh, pour son premier Congrès de l’année 2022 qui selon Charles Washetine « sera une année charnière » pour la Nouvelle-Calédonie.