Jean Philippe NILOR invité à l’émission « Lundi Politique » sur RCI annonce la création de son nouveau Mouvement politique.

Lundi 3 septembre 2018 

Quelques extraits de cet entretien.

Dans le cadre de cette émission, j’espère pouvoir avoir l’opportunité de donner mon sentiment, de donner mon analyse parce qu’il ne s’agit pas simplement de livrer une décision, je voudrais avoir le temps d’expliquer les choses et si vous êtes un petit peu patient vous saurez ce que j’entends faire pour l’avenir.

« Je n’ai pas la prétention d’être un homme providentiel pour la Martinique ».

Je ne crois pas que le ton soit acerbe, en tout cas moi, il n’a jamais été question pour moi d’alimenter des rivalités des « kankans » je vous assure que ça ne fait  pas partie de mon ADN. Pendant de longs mois, de longues semaines, j’ai entendu, j’ai entendu des choses peut être injustes, des accusations sans fondement à mon égard. J’ai pris sur moi comme j’ai l’habitude de le faire maintenant pour ne pas réagir à chaud, mais à un moment on ne peut plus accepter que ceux qui vivent autour de soi, soient quelque part des victimes collatérales de ces méchancetés la,

Lorsqu’il s’agit d’adversaires affichés, on s’attend au pire. Quelque part malheureusement, je ne sais  pas si c’est malheureusement ou heureusement, les attaques les plus mesquines viennent souvent de l’intérieur, de soit- disant amis politiques, donc j’ai appris à gérer tout ça, des déceptions, mais ça n’a fait que renforcer ma motivation, ma détermination, à ne pas baisser la tête, à continuer dans le calme, dans l’apaisement à œuvrer pour mon peuple, pour mon pays et à essayer avec d’autres, parce que je n’ai pas la prétention d’être un homme providentiel pour la Martinique.

« Faut pas qu’on soit toujours en permanence assujetti à la pensée des autres. »

En quoi être porteur d’ambitions serait un crime, constituerait un délit ou un crime. Il faut être ambitieux, pas pour soi mais pour son peuple pour son Pays. Moi je considère que la Martinique mérite autre chose que ce qu’elle a depuis un certain nombre d’années voire de décennies. Oui il faut qu’on soit ambitieux, il faut qu’on croit en nous-même, faut pas qu’on soit toujours en permanence assujetti à la pensée des autres. Que ces autres soient hors de Martinique à Paris par exemple où dans les pays développés ou même en Martinique, on n’a pas à être assujetti en permanence à la pensée d’un autre. Il faut pouvoir affirmer ses choix, ses priorités. Je suis en ce sens pleinement en phase avec Frantz FANON

Je n’ai jamais été complaisant, sauf que moi je n’ai jamais souhaité que les divergences soient exposées au grand jour, au grand public. Que le linge sale, si tant est qu’il y ait linge sale, se lave aux yeux de tout le monde comme cela, ce n’est pas en quelque part une image que j’ai souhaité pour mon pays.

Ce qui a accéléré la prise de décision.

 Je pense que depuis un moment il y a eu des propos excessifs, des propos méprisants, humiliants et injustes à mon égard mais pas seulement vis-à-vis de moi, vis-à-vis de tous ceux qui avaient l’outrecuidance de me soutenir quelque part, ne serait-ce que sur une question, ils ont été accusés de traitres, de comploteurs, Alors au début c’était des propos un peu masqués c’est-à-dire qu’on ne disait pas Jean-Philippe Nilor, c’est un traitre lorsqu’on dit : « moin pa trèt, sa ki trèt,trèt » forcement vos cameras, vos micros se tournaient vers moi. J’ai accepté, ces moments difficiles là, je les ai accepté sereinement je dirais mais lorsque en pleine réunion du Conseil d’Administration du MIM,( je suis membre ), le président du MIM déclare : «  Misié pa au MIM, man pa lé ouè misié ici a, man foutéy dérow, »  il y a deux solutions, soit on s’accroche désespérément et on essaye d’établir une confrontation stérile inutile ou soit on en tire les conclusions. Voilà j’en ai tiré les conclusions.

Ca ne m’intéresse plus de participer à ce genre de grande messe qui ne porte rien, ce sont des shows qui relèvent plus de « Jamel comédy show » qu’à un travail d’information, d’éducation, d’orientation, de mobilisation du peuple Martiniquais.

Ma décision est murement réfléchie J’ai choisi véritablement cette voie là pour moi et pour mon peuple pour mon pays, l’intelligence, l’apaisement, la volonté de travailler ensemble, je ne crois pas qu’un homme puisse être un dieu, qu’on puisse être l’alpha et l’oméga, je ne crois pas qu’on puisse être celui qui soit disant homme providentiel ou femme providentielle va tout régler et pourra tout régler dans le pays.

Ma position c’est une position beaucoup plus humble au regard des difficultés, au regard des changements rapides de notre société, c’est une position humble c’est celle de dire que c’est ensemble que nous pourrons faire avancer les choses sinon nous allons reculer  tous si nous ne changeons pas de paradigme si nous ne changeons pas d’état d’esprit, si nous restons enfermé dans une logique de clan consistant à considérer l’autre, l’adversaire politique, le concurrent politique comme un ennemi. Ceux qui veulent me considérer comme ennemi, ils le font déjà quelque part, ça ne changera pas grand-chose, mais je ne peux pas renvoyer de la haine à ceux qui me renvoie de la haine.

Alors, nouveau parti ?

Oui, et j’annoncerai dans les jours qui viennent la constitution d’un grand mouvement politique, un nouveau mouvement politique toujours sur les bases du patriotisme, de la dignité, de l’identité martiniquaise, de la personnalité martiniquaise, de la responsabilité martiniquaise, mais avec un fonctionnement beaucoup plus moderne et beaucoup plus démocratique que ce que propose aujourd’hui l’offre politique en Martinique. Ce sera un mouvement qui sera ouvert à différentes sensibilités. J’appelle justement à la divergence, la saine divergence. C’est comme cela qu’on va avancer. Ce n’est pas en étant convaincu d’être dépositaire de la vérité absolue en toutes circonstances et sur tous les sujets C’est pas comme ça qu’on va sortir ce pays de l’ornière, c’est pas comme ça qu’on va redonner du goût pour la politique à nos jeunes compatriotes, c’est  pas comme ça qu’on va redonner envie à nos compatriotes qui sont partis, de revenir dans le pays. Il faut et nous n’avons pas le choix que de donner une autre image et de proposer d’autres contenus plus en phase avec l’actualité moderne contemporaine.

Pour la Présentation définitive on peut tabler sur le mois de janvier 2019. Mais les choses sont déjà en cours, la décision est prise et nous y travaillons déjà d’arrache-pied. Je peux vous promettre quelque chose de très sérieux et de très positif pour la Martinique

Comportement futur au sein de la CTM ?

Ceux qui veulent me voir comme une taupe ou comme un ennemi, je pense me voient déjà, comme une taupe ou un ennemi, sauf que je ne serai  pas le seul à être vu comme une taupe ou un ennemi.

Je ne changerai pas de banc, j’ai été élu dans une équipe qui constitue déjà en quelque part un rassemblement de plusieurs sensibilités je ne vois pas pourquoi je reviendrais sur ce choix-là. J’assume ce choix. En tout cas moi, dans mon état d’esprit aujourd’hui, et avec tous ceux qui m’entourent dont je tiens à saluer leur courage car il y en a beaucoup qui prennent beaucoup plus de coup que moi en fait simplement parce qu’elle continue à entretenir de bonnes relations avec moi , simplement parce qu’ils continuent de venir  aux réunions publiques que j’organise régulièrement, il y en a beaucoup qui prennent des coups et je pense à eux et mon devoir c’est aussi de les protéger donc ce sera en toute transparence j’assume ma position et je serai là, je serai là pour l’instant dans cette majorité, mais c’est pas parce que je suis dans une majorité qui a été mise en place par le peuple, je ne suis pas élu au sein de la CTM grâce au président du conseil exécutif, comme il n’est pas élu président du Conseil Exécutif grâce à moi. Je vais voter les propositions qui relèvent du bon sens, qui sont bonnes pour la Martinique et je ne voterai pas les propositions qui à mon sens ne font pas avancer la Martinique Et s’il y a des propositions de l’opposition qui vont dans le bon sens, je serai prêt à les soutenir bien évidemment. Parce que quoi ? On est tous des martiniquais. Que l’on soit dans la majorité ou dans l’opposition, personne n’a le monopole de l’amour de la Martinique et personne n’a le monopole du bon sens de ce qu’il faut faire véritablement C’est difficile, être aujourd’hui homme politique honnête dans ce pays là.

Et  les frondeurs ?

Je ne manipule personne, je n’ai jamais cherché à manipuler personne, quiconque. En revanche on m’accuse des pires choses, il y a même pas une dizaine de jours, j’étais présenté, accusé de vouloir me présenter à l’élection du MIM. On a pu voir que je n’étais pas candidat, il n’a jamais été question que je sois candidat à la présidence du MIM. Mais malgré tout, les accusations perdurent, comme animées par une haine, une jalousie, je ne sais pas d’où ça vient, mais je ne veux plus savoir aujourd’hui d’où ça vient. Ce que je sais en revanche, c’est que j’ai eu le courage de dire, et je l’assume, que l’initiative du groupe de réflexion, c’est une initiative qui est saine pour un parti politique. Je les défends, oui je les ai défendu, après nous ne sommes pas en phase sur tout et heureusement, il y a forcément des divergences, parce que la divergence en quelque part est saine et c’est ce model-là qui est basé sur la différence. On peut ne pas être d’accord sur un point sans être des ennemis, c’est cet état d’esprit là qu’il nous faut aujourd’hui en Martinique. Et qu’ils le veuillent ou pas, les esprits rétrogrades, les esprits de « kakans », les esprits d’énervement, qu’ils le veuillent ou pas, la Martinique sera apaisée, chaque fois qu’il y aura des hommes et des femmes qui vont s’engager véritablement dans cette logique- là. Dans la logique d’apaisement mettant l’intelligence au- dessus de tout, mettant les faits, l’analyse de faits, au-dessus de tout. Qu’en est-il ? Le Mouvement Indépendantiste Martiniquais a décidé en 2011 de se constituer en association déclarée à la préfecture. Mais dans quel but ? Comme cela a été rappelé très justement par Daniel Marie-Sainte, dans le but de bénéficier d’aides publiques, mais d’aides publiques de qui ? d’aides publiques de l’état qui est qualifié de Colonial. On accepte bien l’argent de cet état Colonial.

On peut assumer, on doit assumer, moi je considère, oui, il n’y a pas de honte pour un parti politique martiniquais à percevoir l’aide publique de l’Etat, mais à ce moment-là on ne va pas prendre comme angle d’attaque par rapport à des membres d’une association qui est déclarée au journal officiel de la république Coloniale Française dit-on, par rapport à des adhérents qui mettent en avant les dysfonctionnements , les obligations qui ne sont pas assumées, notamment celle de tenir régulièrement une assemblée générale. Le discours que je tiens là, je l’ai toujours tenu, sauf que je le tenais de l’intérieur, aujourd’hui on m’oblige à le tenir ouvertement, publiquement, je n’ai aucune difficulté, je me suis fait à cette idée de dire les choses. Sur le principe personne ne peut refuser une telle proposition, sauf que c’est en permanence renvoyée aux calendes Grecques et que rien n’intervient concrètement.

Et le vote du 7 Septembre

Jusqu’à aujourd’hui je suis membre à jour du MIM et je l’assume Je vais donc voter, ce sera peut-être mon dernier acte de militant et d’élu du MiM, mais je vais voter vendredi prochain.

Quel que soit le résultat de cette élection, je souhaite en premier lieu que le MIM sorte grandi de cette expérience douloureuse, je le souhaite vraiment, sincèrement parce que la Martinique a besoin de partis politiques organisés, quelque part pour organiser la pensée des militants de tous ceux qui veulent bien faire pour leur pays, tous ceux qui veulent s’engager politiquement et c’est important qu’il y ai des gens qui s’engagent politiquement, Je souhaite le meilleur au MIM demain, mais je ne serai plus au lendemain de cette élection, ni militant ni élu du MIM

Et la réunion du MIM au Gros-Morne ?

Je n’ai pas de position particulière sur ce qui s’est passé au Gros Morne, on dira que les anciens dirigeants du MIM ont voulu quelque part, c’est leur doit, faire masse, faire corps avant un moment important, c’est le rendez-vous de l’assemblée générale du 7 septembre, ils ont voulu créer un effet psychologique, je pense que cela a été un succès, j’ai l’honnêteté de reconnaître qu’il y avait du monde à cette réunion-là donc tant mieux pour eux, après on verra concrètement les résultats la semaine prochaine.




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