En amont du procès des quatre jeunes militants interpellés lors des violences survenues devant le commissariat de Fort de France le 16 juillet dernier, le Komité 13 janvié a tenu une conférence de presse le 21 août à la maison des syndicats. Une façon pour eux de présenter leur programme d’avant procès qui consiste, le dimanche 23 août à distribuer des tracts dans le Nord Atlantique, dans le Sud et dans le Centre/Nord Caraïbe, le mardi 25, à rassembler le plus grand nombre à la maison des syndicats à 18h et le jeudi 27 à mobiliser le maximum devant le Palais de Justice.
Compte tenu du déroulement des anciennes convocations qui ont donné lieu à des affrontements entre les soutiens de prévenus et les forces de l’ordre et particulièrement de l’arrestation agressive du jeune Kéziah, il est à prévoir de nouveaux affrontements même si le komité 13 janvié appelle à une manifestation pacifique ce jeudi 27 devant le tribunal.
S’il a est question de violence policière et d’injustice, pour les militants, c’est encore le pesticide qui est au cœur du débat Ils dénoncent aussi la lenteur de la Justice française pour traiter les différentes plaintes contre l’empoisonnement au chlordécone et sa rapidité à prévoir une audience pour les 4 jeunes
A Paris un rassemblement de soutien aux militants a eu lieu ce dimanche 23 août 2020.
En prévision à l’appel à la mobilisation lancer par le « Komité 13 janvié » en vu de soutenir les quatre prévenus, le palais de justice a renforcé son entrée, une porte grillagée renforcée a été installée au niveau du portail. Une seule personne à la fois peut y accéder.
Les autorités entendent contrôler strictement l’accès au bâtiment et à la salle d’audience où seulement 48 personnes pourront prendre place.
Jeudi 27 Août 2020 – PROCES DES QUATRE JEUNES MILITANTS
UNE MARCHE PACIFIQUE VERS LE TRIBUNAL
C’est aux environs de 8h43 que les militants venus en soutien aux quatre militants anti-chlordécone ont quitté la maison des syndicats en direction du tribunal avec des banderoles et des pancartes demandant justice pour Kéziah mais également « Chlordécone : no justice, no peace. Une marche pacifique a voulu bien rappeler la mère de Kéziah Nuissier.
AUDIENCE SUSPENDUE
À peine entamée, l’audience a été suspendue. Les avocats de la défense et les prévenus ne sont pas présents dans la salle. Au début de l’audience, le président a évoqué une demande de renvoi de l’audience de la part de la défense en raison de l’état de santé d’un des prévenus qui serait malade.
L’audience reprend. Le président de la cour entame les débats par le dossier de Kéziah Nuissier. À noter que Kéziah Nuissier est absent ainsi que les trois autres plaignants.
La défense demande le renvoi du dossier de Kéziah Nuissier. Les avocats veulent d’abord avoir en main les résultats de l’enquête de l’inspection générale de la gendarmerie sur les violences subies par le jeune homme après son arrestation. La représentante du parquet ne s’est pas opposée à cette demande. et a proposé le 9 novembre à 9 heures.
L’audience a été suspendue pour la troisième fois. Le président et ses assesseurs doivent désormais délibérer sur la requête de renvoi formulée par la défense et soutenue par le ministère public.
LE PROCÈS DE KÉZIAH NUISSIER RENVOYÉ AU 9 NOVEMBRE
Le tribunal a statué en faveur de la requête de la défense. Kéziah Nuissier sera jugé le 9 novembre prochain. Son contrôle judiciaire est maintenu. Face au refus du président du tribunal d’accéder à leur demande de renvoi, les prévenus et leurs avocats avaient fait le choix de se retirer. » Vous rendez la justice sans prévenus sans public sans avocat, allez y ! Condamnez ! « , lance Me Ursulet. » Vous faîtes un choix « , lui répond le président. En dépit de ce contexte particulier, le procès s’était quand même poursuivi.
Les vidéos sont à nouveau visionnées. Après chaque vidéo le président du tribunal demande s’il y a des observations. Le parquet et la partie civile n’en ont pas.
Certaines vidéos soulèvent des interrogations sur le caractère volontaire des violences. Le président regrette l’absence de la défense et surtout des prévenus qui auraient pu apporter des précisions.
Le seul policier présent à l’audience est à la barre. Il raconte sa version des faits du 15 mai dernier. Il a reçu une pierre derrière l’oreille et une claque au tympan gauche. L’un des prévenus lui a fait un croche pied quand il allait interpeller l’un des trois mis en cause.
Les réquisitions sont tombées ce soir devant le Tribunal Correctionnel. 18 mois de prison avec sursis ont été requis contre Frédéric Maupeu, dont 6 pourraient être assortis d’un sursis probatoire de 3 ans, avec réparation des dommages causés et obligation de travailler et d’effectuer un stage de citoyenneté à ses frais. Le ministère public a également requis une interdiction de contact avec les autres prévenus, ainsi qu’un peine complémentaire d’interdiction de port d’arme durant trois ans.
Esaïe Maxime risque lui une peine de 12 mois de prison dont 5 avec sursis probatoire, peine assortie des mêmes obligations.
Enfin le ministère public a requis 12 mois de prison dont 6 avec sursis probatoire contre Denzel Guillaume, peine assortie des mêmes obligations.
L’audience a été levée peu avant 19h ce jeudi soir, le délibéré est attendu demain vendredi 28 août à 9h30.
LES TROIS AUTRES MILITANTS SONT JUGÉS
Le tribunal a rendu sa décision vendredi 28 août au matin :
Une condamnation rendue en l’absence des avocats de la défense et de deux des prévenus : seul Frédéric Maupeu était présent, ainsi qu’une dizaine de personnes dans la salle. Ce dernier a donc été jugé coupable pour l’ensemble des faits et condamné à deux ans de prison, dont 12 mois avec sursis, ainsi qu’une indemnisation obligatoire des victimes et interdiction de détenir une arme de trois ans.
Quant à Esaïe Maxime et Denzel Guillaume, absents lors de la décision, ils ont tous les deux été jugés coupables de l’ensemble des faits et condamnés à 14 mois de prison dont 7 mois avec sursis et une interdiction de détenir une arme soumise à autorisation pendant 3 ans.
Les trois prévenus ont également été condamnés à verser 4 500 euros de dommages et intérêts à l’un des policiers. Les trois autres victimes dans ce dossier seront également indemnisées
Le procureur dit regretter, il affirme que la justice ne peut être « l’otage de décision unilatérale. « Je suis le premier à regretter que les prévenus et les avocats n’aient pas assisté aux débats. »
CONFERENCE DE PRESSE DU SAMEDI 29 AOUT
Le Komité 13 janvié 2020 ne compte pas en rester là. Samedi lors de la conférence de presse, ses membres ont appelé la population à « reprendre sa délégation ».il appartient aux Martiniquais de reprendre leur délégation et de s’impliquer directement parce qu’il y va de notre avenir. Nous ne pouvons plus fonctionner par délégation