Les élus Calédoniens à Paris

A l’approche de la date butoir de l’organisation du dernier référendum prévu par les accords de Nouméa, l’exécutif français veut rétablir un dialogue entre loyalistes et indépendantistes. C’est dans ce but que les différentes formations politiques   ont été invitées à Paris du 26 mai au 3 juin.

Dès le mercredi 5 mai à Nouméa, le FLNKS a annoncé que dans les conditions actuelles, il ne compte pas répondre à l’invitation de l’Etat pour les discutions autour de l’avenir institutionnel de la Nouvelle Calédonie.

En réponse, le Ministre des Outre-Mer déclarait : « Je pense que tout le monde viendra, à Paris. En tout cas, nous nous serons là. Si je dois rester seul, je resterai seul, mais la main est tendue. »

Une quinzaine d’élus ont donc embarqué samedi 22 mai pour Paris. Au programme : des réunions avec l’Etat autour de la date de la troisième consultation et les implications du oui et du non. Une délégation des loyalistes mais aussi de l’UC sont donc parties. Quant à  L’UNI, elle  a confirmé, dès le jeudi 20 mai, son intention de ne pas participer ces discussions.

Pour Louis Mapou, chef de groupe au Congrès : « Nous avons beaucoup d’éléments qui nous ont été amenés par [les services de] l’Etat dans les travaux qu’ils ont produits ces derniers temps. Nous souhaitions les approfondir avant de nous engager dans une discussion beaucoup plus approfondie sur la manière dont on envisagerait (…) une démarche en faveur d’une souveraineté en partenariat avec la France. » Par ailleurs « les échanges que nous avons eus ces derniers jours avec l’Etat ne sont pas faits pour nous rassurer, il y a un certain nombre de choses qu’on a du mal à saisir ».

Pour Victor Tutugoro, porte-parole du groupe UNI au Congrès, « Aller comme ça à Paris, alors que ce dix-septième gouvernement n’est toujours pas en place ? C’est la crédibilité-même du Front qui est en jeu »,

De son côté, Virginie Ruffenach, cheffe de groupe Avenir en Confiance au Congrès, assure que « Nous partons particulièrement déterminés notamment pour cette date du référendum et pour sortir de l’accord de Nouméa, le plus vite possible. Que cette consultation, si elle doit être organisée, le soit le plus rapidement possible. Nous avons travaillé sur les conséquences du ‘Oui’ et du ‘Non’ et nous assumerons nos responsabilités lors de ce rendez-vous parisien. » 

 

 

LE PROGRAMME

Mercredi 26 mai

Accueil des délégations d’élus calédoniens par le Premier ministre Jean Castex à Matignon, à partir de 17 heures, heure de Paris (soit 2 heures du matin jeudi, vu de Nouméa).

Jeudi 27 mai

Au ministère des Outre-mer, à compter de 9h30 (18h30 pour la Calédonie), début de la restitution des travaux menés par les services de l’Etat sur les implications du Oui et du Non à l’indépendance. En matinée, il est prévu d’aborder le thème du droit international, puis à la mi-journée celui du droit interne. A 15 heures (minuit sur le Caillou), l’ordre du jour propose de se pencher sur la monnaie, les accords commerciaux et le nickel, avant de passer aux finances publiques.

Vendredi 28 mai

A 9h30 (18h30 en Calédonie), toujours rue Oudinot, place aux implications de la fin de l’Accord de Nouméa pour les territoires français du Pacifique. La restitution des travaux de l’Etat doit ensuite s’orienter sur l’éducation, la santé et les transports. Avant le gros morceau de la sécurité et la justice à partir de 14h30 (23h30 heure de Nouméa).

Lundi 31 mai

Retour au ministère des Outre-mer pour des réunions bilatérales tout au long de la journée avec Sébastien Lecornu. La conclusion de cette séquence très politique à Paris est prévue le lendemain, mardi 1er juin, sous une forme qu’il reste à préciser.


Le Premier ministre Jean Castex a reçu ce mercredi 26 mai les délégations d’élus calédoniens à Paris dans le cadre des discussions sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Premier rendez-vous d’une semaine de discussion à l’approche de la troisième consultation sur l’indépendance.

Contrairement à la tradition des Comités des Signataires, les délégations des différentes formations politiques n’ont pas été reçues ensemble par le Premier ministre et le ministre des Outre-mer, mais les unes après les autres. Objectif affiché du gouvernement : marquer un temps de rencontre avec chaque délégation.

Premier coup de théâtre, après moins d’une heure de discussion, Pierre Frogier (l’Avenir En Confiance) a annoncé qu’il avait décidé de quitter les discussions, il explique : Nous sommes mandatés pour obtenir de l’Etat que ce référendum ait lieu le plus tôt possible (…) et c’est ce qu’exigent nos concitoyens. Les indépendantistes conformément à la loi ont demandé qu’il ait lieu, sauf que c’est le gouvernement qui définit la date. Les indépendantistes dans le même temps exigent, ce n’est pas mon propos, c’est le leur, que ce référendum ait lieu le plus tard possible. Ce que j’ai indiqué au Premier ministre c’est que dans la mesure où ce référendum n’a pas lieu le plus tôt possible, c’est à dire avant l’échéance présidentielle, cela voudra dire que ce gouvernement aura basculé dans le camp des indépendantistes. Il aura fait le choix de l’exigence du camp indépendantiste. Dans ces conditions, puisqu’aucune réponse ne nous est donnée pour l’instant, je ne participerai pas pour ma part aux différents échanges qui vont se dérouler sur le Oui ou le Non, parce que je considère que cela n’a pas de sens. Peut-être dans un second temps, mais pas pour le moment.

Les indépendantistes de l’UC ont eux salué un « contact franc » avec Jean Castex qui, a expliqué Roch Wamytan, souhaitait faire connaissance, « sans rentrer dans les détails » des discussions. « Le Premier ministre nous a dit « vous ne me connaissez pas, je ne vous connais pas, c’est la première fois que je vois vos visages et il est important qu’avant d’entamer le travail que nous sommes venus faire à Paris de se connaître.«  », a expliqué le président du Congrès calédonien. « Je pense qu’il s’est exprimé avec son coeur (…) et il a insisté sur ce qui nous guide depuis les accords de Matignon, de Nouméa, c’est à dire le dialogue, la concertation, pour pouvoir trouver une solution pour la Nouvelle-Calédonie, pour trouver un format institutionnel qui puisse nous tirer vers le haut et que nous sortions de cette longue période gagnant-gagnant. L’Etat français aussi a des intérêts dans le Pacifique. Nous avons nos propres intérêts locaux. (…) Nous venons avec une chose, c’est que notre droit a la décolonisation, à former demain un Etat, soit bien compris et pris en considération. Il était important que pour la première rencontre nous puissions échanger à ce niveau-là, la date du référendum viendra ensuite. On est prêts à dialoguer. J’ai fait 16.000 km quand même et on est là pour discuter, chacun avec ses positionnements et on va commencer à discuter demain. On trouvera bien une solution. »

Gilbert Tyuienon, vice-président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, parle lui aussi d’un contact « très franc« , « très poli« , qui pose « les bases d’une discussion avec dialogue, respect« . « L’UC va assumer sa responsabilité de signataire des accords de Matignon-Oudinot, de l’accord de Nouméa mais toujours dans la fidélité de la ligne de défense du parti, à savoir conduire le pays à son émancipation. »