La Guadeloupe sous pression

Ils étaient nombreux ce samedi dans le hall d’entrée du CHU, pour dire non aux violences contre le système de santé. Ils sont médecins, infirmiers, employés techniques, administratifs, tous veulent s’ériger contre ces violences. Une inquiétude et un ras-le-bol qui existent depuis le début de la crise sociale et qui empêchent le fonctionnement normal de l’établissement.

La communauté hospitalière réclame aujourd’hui d’avantage de sécurité pour assurer pleinement le service public dans un contexte sanitaire particulier.

Réaction du Professeur Pascal Blanchet ( Président de la commission médicale d’établissement du CHU)

« On voudrait que les pouvoirs publics, les tutelles, les ministères concernés : outre-mer, santé, intérieur et la préfecture, prennent conscience qu’il faut faire plus pour que l’établissement puisse accueillir ses soignants, ceux qui ont la mission de service public chevillée au corps, qu’ils puissent venir travailler dans la paix, dans la sérénité et qu’on puisse affronter ensemble, malheureusement cette nouvelle vague de covid »

Longtemps restée silencieuse, la société civile décide aujourd’hui de se faire entendre pour dire non aux violences. Ce samedi 8 janvier, ils étaient un peu plus de 400 réunis sur l’esplanade du Mémorial Act pour s’exprimer, qu’ils soient professionnels de santé, avocats, commerçants ou simples citoyens tous ont déploré les violences et le climat de tension qui règne depuis plusieurs mois notamment au sein du CHU.

Les derniers débordements survenus à Ricou, où se trouve le bâtiment administratif de l’hôpital, ont été le vecteur déclencheur de leurs réactions. Ils ont donc décidé de se faire entendre et précisent  que ce n’est que le début.

Très tôt ce matin les forces de l’ordre sont venues pour démanteler le piquet de grève des manifestants contre l’obligation vaccinale, situé depuis plusieurs mois devant le centre hospitalier universitaire de Pointe-à-Pitre. Il y avait des chapiteaux qui avait été installés sur le parking et en moins de trente minutes, l’équipe de nettoyage sous la protection des gendarmes, a tout enlevé. Dans l’empressement elle a même arraché un câble électrique qui a privé le poste d’accueil d’électricité.

Arrivés sur place les manifestants n’ont pu que constater ce démantèlement, mécontents ils se sont vus en plus interdire l’entrée au CHU, ce qui n’est pas fait pour calmer les esprits.

La tension est montée d’un cran, lorsqu’un homme a voulu se rendre aux toilettes à l’intérieur du CHU, accès qui lui a été refusé par les gendarmes, s’en est suivi des échanges un peu hard avec les gendarmes qui ont très vite dégénéré, les forces de l’ordre ont fait usage de matraques et de bombes lacrymogène.

La RN1 a complètement été bloquée par les manifestants, les gendarmes ont fait usages de bombes lacrymogène et de bombes assourdissantes pour libérer la voie. Les manifestants ont répondu par des jets de pierres. Ces échanges ont duré relativement longtemps, les gendarmes ont quand même réussi à libérer la nationale, trois militants ont été arrêtés et emmenés au commissariat.

Devant le commissariat les militants ont exigé la libération des camarades, mais après environ douze heures de mobilisation la fatigue se fait sentir, et Maïté Hubert M’Toumo,  après avoir félicité les militants pour cette longue et courageuse journée de mobilisation, a invité tous les militants à rentrer dans le calme chez eux pour être en pleine forme pour demain matin 9 heures et a aussi précisé que le meeting de demain soir  initialement prévu à Sainte-Rose, se fera devant ou à l’intérieur du CHU à 18 heures .

 

Lors de la chaude journée d’hier, Yanis, un membre de MounGwadloup a été victime des nombreuses bombes lacrymogène lancées par les forces de l’ordre. Ce matin il est déjà au front et nous donne de ses nouvelles:
« Ca va bien, guerrier debout, soldat blessé n’est pas mort, et puis ils ont raté leur tir s’ils voulaient quelque chose de plus. De toutes les manières ça ne va pas empêcher à la population guadeloupéenne de rester bien debout, d’ailleurs on est déjà là avec toute l’équipe, avec les soignants, avec les guadeloupéens et on attend encore que l’état ose venir discuter, ose venir dire véritablement à la population guadeloupéenne de quoi il en est. Nous on a des choses à dire, nous on a des chose à revendiquer et puis on tient à dire que quand on veut nous obliger à faire des choses pour le vaccin ou autres, faudrait également procurer de l’eau potable aux habitants de la Guadeloupe, jouer sur la vie chère en Guadeloupe puisque c’est une grosse arnaque qui dure depuis l’époque des colonies, il faudrait régler cette problématique de la chlordécone, il faudrait avoir un CHU neuf, et qu’il faudrait en fin de compte que la Guadeloupe soit traitée non pas comme des citoyens de seconde zone mais comme des citoyens tout court. Maintenant s’il a un problème avec ça et que les guadeloupéens ne sont pas des citoyens de la France, qu’ils le disent et nous on va leur faire comprendre que  ici c’est en Guadeloupe et si ici c’est pas chez eux, et bien ils devront partir ».

Après le démantèlement du piquet de grève des militants sur le parking du CHU et en plus de l’arrestation de quatre d’entre eux par les forces de l’ordre, des affrontements plus ou moins virulents ont eu lieu entre le collectif et les forces de l’ordre.

Ce mardi matin, la police est bien présente à l’entrée du CHU, et seuls ceux qui ont un pass sanitaire sont autorisés à y pénétrer mais étrangement les voitures qui entrent ne sont pas contrôlées.

Dans la nuit des barrages routiers ont été érigés sur plusieurs axes du département notamment au Gosier, aux Salines et à Mare-Gaillard.

MEETING DEVANT LE COMMISSARIAT

Initialement prévu, à Sainte-Rose puis devant ou à l’intérieur du CHU, c’est finalement devant le commissariat de police que le meeting quotidien du collectif a eu lieu. En effet les quatre militants appréhendés hier sont entendus par les policiers en ce moment même par les policiers.

Des prises de paroles demandant pour la plus part la libération des camarades  se sont succédées sans succès car leur garde de vue est prolongée.

 

 

 

Ce jeudi matin, jeudi 13janvier, les différentes composantes du Collectif en lutte, se sont réunies au gymnase des Abymes pour faire un point sur l’évolution du conflit qui dure depuis la mi-juillet.
Après une profonde analyse, elles reconnaissent l’échec de toutes les tentatives des négociations menées depuis le début du conflit.
Pour le Collectif, la question de la vaccination est désormais relative dans leurs revendications parce qu’elles veulent voir dans l’absence de réponse de la part du gouvernement et des élus de la Guadeloupe, une position politique globale à laquelle elles estiment devoir réagir.

Désormais une orientation politique s’impose et une date est d’ores et déjà fixée pour faire entendre la nouvelle argumentation du collectif. Cette date du 20 janvier n’a pas été choisie par hasard, c’est un 20 janvier 2009 que le mouvement du LKP a été lancé.

DES TENTATIVES DE BARRAGES DÉJOUÉES PAR LES FORCES DE L’ORDRE

La nuit dernière, que ce soit par la police ou par la gendarmerie, des barrages ont été enlevés au rond-point de Perrin, à Rivière des Pères, Sainte-Rose, Goyave, Petit-Bourg et Vieux-Habitants.
A 6h ce jeudi matin certains barrages étaient encore en train d’être nettoyés à Mare Gaillard ou encore sur la route de Dupuy à Baie Mahault où des tas de cocos avaient été déversés .