La Guadeloupe sous pression

Au 5ème jour de blocage, la mobilisation contre l’obligation vaccinale prend de l’ampleur dans les centres hospitaliers de Guadeloupe. Les services qui fonctionnent le sont à 50% selon l’UTS-UGTG et plusieurs services ont même été fermés notamment le service en Côte-sous-le-vent. Au CHBT, c’est tout un étage qui a été supprimé.
Entre les grévistes et les agents suspendus, les établissements hospitaliers sont donc en grande difficulté et la situation très critique vis-à-vis du fonctionnement des services.

Pour tenter de mettre un terme aux exactions perpétrées sur la voie publique, le préfet de Guadeloupe, Alexandre Rochatte a décidé d’instaurer un couvre-feu durant toute la nuit  à partir de ce vendredi 19 novembre de 18 heures à 5 heures du matin.
L’instauration d’un tel couvre-feu devrait avoir pour effet de limiter la circulation au cours de la soirée et surtout, d’autoriser les forces de l’ordre à agir contre les contrevenants de cette mesure.

Le gouvernement a annoncé ce vendredi matin l’envoi de 200 renforts pour garantir la sécurité des Guadeloupéens.

Une cinquantaine d’agents du GIGN (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) et du RAID (Recherche, assistance, intervention, dissuasion) sont arrivés en Guadeloupe, ce samedi 20 novembre 2021, en fin de journée.
Ces renforts, issus des unités d’élite de la gendarmerie et de la police, sont la réponse, ferme et exclusivement sécuritaire, de l’Etat, pour ramener l’ordre dans l’archipel, où sévit une grève

générale, depuis le lundi 15 novembre, contre l’obligation vaccinale et le pass sanitaire, notamment.

Une réunion se tiendra lundi avec le Premier ministre, les parlementaires et les présidents des assemblées de la Guadeloupe, ainsi que le ministre de la Santé.

Au 7ème jour de mobilisation contre l’obligation vaccinale et le pass sanitaire, les soirées se suivent et se ressemblent. Pour la 4ème nuit consécutive la Guadeloupe a connu une soirée d’émeutes et pillages, près d’une quarantaine de personnes ont été interpellées par les forces de l’ordre.
. Les affrontements entre bandes de jeunes et forces de l’ordre se sont multipliées faisant des blessés. Les émeutiers n’ont pas hésité à tirer à balle réelle vers les forces de l’ordre qui ont riposté par du gaz lacrymogène et plusieurs commerces ont été incendiés.
A Basse-Terre,  vers une heure du matin, des bandes de jeunes venues de Bas-du Bourg, Petit-Paris et Circonvallation, des zones difficiles de la ville, ont convergées vers le centre-ville et ont dévalisé boutiques et banques en tirant au fusil à pompe sur les commerces et sur les policiers.
A Point-à-Pitre, la nuit fut encore très agitée, émaillée une nouvelle fois de nombreux incidents violents et de pillages. Des heurts ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre, notamment dans le quartier de lAssainissementet à Carénage.
Au Lamentin, l’agence bancaire et le Carrefour Market ont été vandalisés, pillés. Un tractopelle de jardin a été utilisé qui a été abandonné sur place.

Face à la recrudescence de méfaits commis en cette période exceptionnelle, le Parquet pointois se mobilise. Plusieurs mandats de dépôt à Fond Sarrail ont déjà été prononcés. Déjà 6 personnes ont été déférées devant le parquet, pour des faits de vols aggravés. Une d’entre elles a été présentée pour violences sur personne dépositaire de l’autorité publique. 6 suspects présentés ont été placés en détention provisoire, et seront jugées dès lundi matin. 10 autres individus sont actuellement en garde à vue.

Elie Domota, porte-parole et l’un des leaders du collectif « Lyannaj kont pwofitasyon » (LKP), sort du silence, ce dimanche 21 novembre 2021, au septième jour de mobilisation. Pour lui, il est grand temps de recentrer le débat sur les revendications des organisations et salariés impliqués dans ce mouvement social.
Le leader du LKP appelle le préfet de Guadeloupe à les recevoir.
De nombreuses réactions au niveau national : Pour Marine Le Pen comme pour Jean-Luc Mélenchon, la situation en Guadeloupe n’a qu’un seul responsable : Emmanuel Macron. Après les contaminations au Chlordécone, les problèmes d’approvisionnement en eau et les algues sarguasses, l’obligation vaccinale serait la « goutte d’eau qui fait déborder le vase », Jean-Luc Mélenchon d’ajouter : : « Tout était prévisible. Emmanuel Macron a choisi de regarder ailleurs et de laisser la situation dégénérer. »
Pour Patrick Karam, né à Pointe-à-Pitre : « le passe sanitaire n’est que l’allumette. La vérité, c’est qu’il y a un malaise social, un malaise identitaire, un malaise de positionnement par rapport à la République, le sentiment de déclassement et de délaissement qui existe et qui n’arrête pas de monter. »