La Guadeloupe sous pression

Le collectif des organisations en lutte, opposé à l’obligation vaccinale, a interrompu ce jeudi 10 mars 2022, une rencontre entre le Département, la Région et la Préfecture sur les problèmes d’eau dans l’archipel. Le collectif réclame notamment « la réintégration de tous les travailleurs suspendus, la reprise de fonction de tous les libéraux suspendus« .

Des personnels suspendus, sans salaire, sont venus témoigner de leurs difficultés. Mais à la mi-journée, le collectif et les élus se sont quittés, dans une impasse.

Maïté HUBERT M’TOUMO

« Lorsque nous sommes arrivés, nous avons vu qu’il y avait le président du Conseil Départemental, du Conseil Régional et le Préfet qui faisaient une réunion. Donc nous sommes bien tombés et nous leur avons demandé à discuter avec eux  et c’est ce que nous avons fait sans le préfet parce que la première chose qu’il a fait c’est partir et disparaitre . Donc nous avons entamé la discussion avec Mr Losbar et Mr Chalus.

Nous avons évoqué la situation,  encore une fois , les camarades qui sont pleinement concernés par la suspension et par les difficultés qu’ils ont tous les jours ont témoigné mais malheureusement nous avons constaté que nous avons en face de nous, des hommes qui en dépit de ce qu’ils ont entendu , en dépit de la situation que nous avons décrit,( situation grave du pays que nous avons décrit), et bien sont des gens qui sont complètement à l’ouest et qui vous disent que de toute les manières c’est une loi qui a été votée et qu’ils ne peuvent rien faire contre ça.

Alors Mr Chalus, lui, vous dit qu’il a déjà fait plusieurs courriers, qu’il a déjà rédigé plusieurs courriers  et que le Président ne répond pas, donc il peut faire encore d’autres courriers mais qu’il ne peut rien faire contre cela. Mais Mr Losbar, avec beaucoup d’arrogance, un tas d’arrogance, et j’ai presque envie de dire du mépris, nous répond que de toutes les manières, lorsque vous décidez de ne pas vous faire vacciner et bien c’est un acte politique. Ca veut dire que l’ensemble des travailleurs mais aussi l’ensemble de la population ont fait un acte politique lorsqu’ils ont décidé de ne pas se faire piquer par conséquent ils n’ont qu’a assumer leur responsabilité jusqu’au bout et que eux ils ne peuvent rien faire et que c’est l’état qui décide et qu’ils se contentent d’appliquer les décisions de l’Etat.

Donc c’est vrai que nous ne nous attendions pas à grand-chose  car comme nous l’avons dit dès le départ, nous avons constaté que malheureusement ce sont des représentants politiques qui effectivement se contentent d’appliquer tout ce que l’Etat leur dit de faire, qui sont totalement formatés pour cela et particulièrement Mr Losbar, Nous avons constaté qu’avec une très grande fierté, il vous dit que de toutes les manières, lui il n’est pas contre l’obligation vaccinal et que la loi appliquée, il faut respecter la loi. Alors en dépit de la détresse que vous pouvez avoir, en dépit de ce qu’il peut provoquer sur votre santé, ce qui veut dire des effets secondaires graves, et même la mort, en dépit d’un homme qui a décidé de mettre sa vie en danger et qui fait une grève de la faim depuis presque 30 jours et bien nous avons presque l’impression qu’il vous dit que ce n’est pas son problème et que cela ne le regarde pas et que de toutes les manières ce sont des militants politiques qui décident de faire cela, alors qu’ils assument leur responsabilité.

Alors nous sommes véritablement mal entourés dans ce pays. C’est le constat que je fais, c’est pire que ce que je croyais, franchement c’est de très loin plus mauvais et je constate que la santé des guadeloupéens, la vie des guadeloupéens, n’est pas important pour ces gens-là. Ce qui est important c’est leur mandat et que si jamais ils allaient à l’encontre du gouvernement, ils risqueraient de perdre leur mandat, et c’est ce qui est important pour eux. Alors c’est véritablement très triste, très très triste mais de toutes les manières, nous nous sommes au combat et nous leur avons dit que nous ne sortirons pas d’ici, parce que c’est inadmissible que des élus qui sont là par rapport au peuple, ne tiennent pas compte de l’opinion du peuple, du choix du peuple et qui vont et viennent sans tenir compte de ce qui se fait dans le pays, ils font comme si tout allait bien et que ceux qui à la limite sont suspendus, ceux qui font la grève de la faim, ce n’est pas leur problème, qu’ils se démerdent et que la vie continue.

Ce n’est pas possible, c’est inadmissible et inacceptable. Donc c’est pour cela que nous sommes ici, et nous resterons jusqu’à ce qu’ils viennent nous parler et nous dire quelles solutions qu’ils nous proposent.. »


Guy LOSBAR

« Tout d’abord, nous avions une réunion avec le Préfet, La Région et le syndicat sur les questions d’eau qui a été interrompue par le collectif. Ils nous ont demandé qu’on puisse les recevoir donc nous avons décidé qu’il puisse y avoir une délégation de six personnes après ça a été huit, dix etc… et les problèmes qui ont été évoqués sont liés à l’obligation vaccinal. On a eu à rappeler quelle était la position des élus puisque nous avons toujours dit que nous répondons sur nos compétences, d’ailleurs il y a même eu une plateforme de propositions qui a été adressée et sur l’obligation vaccinale moi j’ai rappelé quel était mon positionnement et de dire qu’en tant que politique, j’ai pris mes responsabilités. Nous au niveau du département nous n’avons pas compétence pour pouvoir dire c’est possible, ce n’est pas possible mais ce sont des accompagnements et à ce niveau là nous avons fait, moi en tant que président du département, concernant le SDIS, c’est pratiquement 1500 personnes qui sont concernées et jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas eu de sanctions. D’ailleurs les représentants syndicaux des pompiers l’ont reconnu. Autre chose, l’ensemble des élus et notamment les parlementaires, ont eu l’occasion d’intervenir pour qu’on puisse avoir cette cellule d’accompagnement pour reclasser, redéployer celles et ceux qui n’étaient en situation d’être vaccinés ou encore pour des ruptures de contrats et permettant une indemnité de l’ordre de 60 à 80 mille euros et bien sûr il y a un certain nombre de personnes qui ne sont pas entrées dans le dispositif et qui font l’objet. Donc j’ai eu l’occasion de rappeler quel était notre positionnement nous ne pouvions intervenir, moi en tant que président du Département ni le président de Région, nous ne pouvions dire qu’à partir de demain il n’y a plus d’obligation vaccinale. Le seul élément c’est au-delà de la cellule c’est quelle forme de solidarité que nous pourrons mettre en place et que contrairement à ce qu’ils disent, sur le plan politique j’ai bien affirmé quel était mon positionnement par rapport au SDIS malgré l’existence d’un texte.

Il y a eu des discussions sur le nombre de vacciné etc.. et j’ai eu l’occasion de dire, il y a dans d’autres territoires de la république comme en Polynésie où ils ont l’autonomie de santé, et à ce moment-là, il n’y a pas eu d’obligation vaccinale. Ce sont les élus qui ont pu décider. Donc il faudrait que tôt ou tard nous arrivions à ce stade ce qui éviterait toutes ces discutions et ensuite au-delà des différentes interventions, on s’est rendu compte que même si nous passions la journée, il n’y aurait pas eu d’avancées et c’est en ce sens que à un moment il fallait mettre un therme à cette réunion qui ne permettait pas d’évoluer »

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Les gendarmes ont utilisé des jets de lacrymogène pour faire sortir les membres du collectif du Conseil Départemental.

 

Accusé d’avoir proféré des menaces à l’encontre du directeur du CHU Gérad Cotellon, le syndicaliste de l’UTS-UGTG Gaby Clavier, était convoqué au tribunal de Pointe-à-Pitre pour la 3ème audience de son procès. Les deux précédentes ayant lieu les 8 décembre et 1er Février derniers.

L’audience de ce mardi 15 mars 2022, a donc repris avec les dépositions des 8 témoins cités par la défense. La première à être interrogée a été une secrétaire médicale du service des maladies infectieuses du CHU de la Guadeloupe suspendue pour avoir refusé de se faire vacciner.

Interrogée sur les différentes vagues liées au Covid-19, elle a mis en avant le fonctionnement incohérent avec du personnel soignant contaminé mais tout de même autorisé à travailler mais pire elle a ajouté que les malades de plus de 60 ans qui n’allaient pas pouvoir supporter la réanimation, étaient envoyés directement au 8ème et 9ème étage pour être euthanasiés .

L’autre fait marquant de cette cession c’est l’incident qui a opposé la présidente à Maître Gélabale  l’une des avocates de la défense qui refusait de porter un masque.