La Guadeloupe sous pression

Sébastien LECORNU

Au douzième jour de crise sociale en Guadeloupe, Sébastien Lecornu s’adresse aux Guadeloupéens dans une longue allocution de seize minutes, au cours de laquelle, il fait le point sur la situation actuelle et les raisons de la colère.
Il explique entre autres qu’il faut « se mettre d’accord sur l’avenir que nous voulons pour la Guadeloupe mais que l’Etat ne peut pas tout, tout seul « ,

Il promet pour « chaque sujet, un plan d’actions concrètes. Nous pourrons les passer en revue précisément lors du déplacement que j’entreprendrai bientôt. »

Il assure que certains élus ont posé la question en creus de l’autonomie, , par rapport à son statut actuel de Département/Région d’outre-mer. D’après eux, la Guadeloupe pourrait mieux se gérer elle-même. Ils souhaitent moins d’égalité avec l’hexagone, plus de liberté de décision par les élus locaux. Le Gouvernement est prêt à en parler. Il n’y a pas de mauvais débat. Du moment que ces débats servent à résoudre les vrais problèmes des Guadeloupéennes et des Guadeloupéens.

Toujours aussi ferme concernant la violence il affirme : « Ceux qui basculent dans la violence devront en répondre devant la justice. ». Il rend hommage  à l’action des forces de l’ordre qui dit-il porte ses fruits.

Concernant la question de l’obligation vaccinale pour les personnels soignants et les pompiers, Sébastien Lecornu dit :  » Nous devons engager, avec les élus locaux, un examen au cas par cas des situations individuelles. La loi de la République doit s’appliquer avec proportionnalité et discernement dans le cadre des instances locales de dialogue et d’écoute que nous mettons en place. Notre volonté, c’est de mettre les moyens pour regarder chaque situation individuellement en définissant le meilleur dispositif d’accompagnement. »

Concernant la jeunesse guadeloupéenne, il promet un « plan d’actions » pour « accompagner chaque jeune vers l’emploi. » L’Etat s’engage donc à financer dès maintenant 1000 emplois aidés pour les Jeunes, avec un accompagnement spécifique et une formation, dans le secteur non marchand pour soutenir les collectivités ou les associations sociales, sportives, environnementales du territoire. Cette réponse va se construire en co-financement avec les élus locaux.

 

Un parti politique autonomiste Corse appelle à une mobilisation similaire qu'en Guadeloupe
En Corse, un parti politique autonomiste appelle à un processus similaire sur l’île de beauté dans un communiqué de presse. Il dit soutenir « les peuples de Guadeloupe et de Martinique » et appelle à une discussion sur « une autonomie législative de plein droit et de plein exercice pour leur ‘île »

 

Avant la rencontre avec le ministre prévue le lundi 29 novembre, l’intersyndicale s’est réunie ce dimanche au rond-point de Perrin. Elle est prête à négocier sur la base de la plateforme de revendication.

Mais avant même le début de cette rencontre il existe déjà une première ombre au tableau,  la rencontre de ce lundi 29 avec le ministre des Outre-mer devrait se tenir avec 6 voire 10 organisations syndicales ors Max Evariste secrétaire générale de FO déclare : « Nous exigeons que cette première rencontre se tienne avec les 30 membres du collectif mobilisé depuis 4 mois contre l’obligation vaccinale et le pass sanitaire. Nous exigeons de vraies négociations sur notre cahier de revendications avec l’ensemble des organisations syndicales. »

Quant aux 1000 emplois aidés destinés aux jeunes, annoncés depuis Paris par le ministre des Outre-mer, Elie Domota, porte-parole du LKP, les juge largement insuffisants : « Ces emplois aidés maintiennent les jeunes dans la précarité, commente-t-il. Nous voulons des emplois pérennes pour les jeunes. Pour l’instant, Sébastien Lecornu apporte des réponses à des questions qui ne figurent pas sur la plateforme : l’autonomie n’en fait pas partie. »

Les demandes sur lesquelles l’intersyndicale veut obtenir satisfaction avant de discuter les autres points inscrits au cahier de revendications :

  • Le retrait de toutes les décisions de suspensions et de fermeture de cabinets et d’arrêt d’activité des professionnels des secteurs de la santé, de l’éducation, du social et du médico-social, des libéraux, salariés, agents publics et pompiers
  • Le retrait de toutes les décisions de sanctions liées à l’application du pass sanitaire
  • L’arrêt de toutes les procédures et poursuites prononcées et en cours contre les militants, les manifestants, le peuple et singulièrement les jeunes
  • L’amélioration immédiate des conditions de vie des familles notamment par la baisse des prix des carburants, de la bouteille de gaz
  • L’embauche massive des jeunes sur des contrats pérennes.

 

Un décret chlordécone bienvenu

Il semble que la crise aux Antilles ait secoué le gouvernement. Ainsi, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a annoncé qu’un décret reconnaissant le cancer de la prostate comme maladie professionnelle en raison de l’utilisation du chlordécone dans les bananeraies antillaises, évoqué par le président de la République, Emmanuel Macron, il y a six mois… sera pris « avant la fin de l’année. »