La Guadeloupe sous pression

 

Un peu affaibli, Denis Deloumeaux poursuit sa grève. Déjà 16 jours sans s’alimenter, il continue à se battre contre l’obligation vaccinale .
« On a le droit de disposer de son corps et c’est tout à fait normal que quelqu’un qui n’a pas envie de se faire injecter un produit, qui a pour le moment une autorisation transitionnelle, puisse faire sa résistance à sa façon. »

 

Ce jeudi 3 mars 2022, sur le piquet de grève du CHUG, l’UTS-UGTG avait invité la presse pour faire le point sur l’état de santé de ce cadre administratif Denis Deloumeaux en grève  de la faim depuis maintenant 20 jours pour dire non à l’obligation vaccinale et non à la suspension du personnel non vacciné du CHU dont lui-même en fait partie.

Après qu’une représentante de l’EFS ( Etablissement Français du Sang) ait  présenté la situation critique de cet établissement relative aux suspesions de certains agents ( pas de chauffeur de collecte donc prélèvements seulement sur le site fixe), Denis Deloumeaux a lui-même de donner de ses nouvelles.

Logiquement affaibli, il a tenu a préciser après une rapide présentation pour ceux qui ne le connaissaient pas , que dès la sortie de la loi du 5 Aoùt 2021, il s’était dit que tôt ou tard, en tant que Guadeloupéen il fallait qu’il fasse quelque chose . Ce quelque chose c’est cet acte qu’il a osé. Il y a donc réfléchi pendant trois mois, il a organisé trois réunions familiales avec aussi des gens qui voulait l’accompagner dans ce périple. Entouré d’un staff médical, et d’un staff familial il a démarré son combat.

Aujourd’hui après vingt jours sans manger, en buvant seulement de l’eau, du vichy et de l’eau de coco, il a perdu 9 kg mais il lui reste des forces pour continuer. Il a eu beaucoup de visite mais il s’excuse auprès de certains qui n’ont pas eu la possibilité de le voir car il est affaibli et de ce fait il est sujet à n’importe quelle infection.

Avant de finir il a tenu a lancer un message clair; « Il est temps que tous ceux qui font partie des 80% des non-vaccinés se mettent debout à un moment donné en relais, tous les jours,  ici au CHU de Pointe  à Pitre, parce que tant que vous ne me relayez pas,  ma famille ne va pas me retrouver.

Comme chaque samedi, les collectifs en lutte contre l’obligation vaccinale, avaient prévu de changer la forme de la mobilisation de ce samedi 5 mars 2022. En effet des caravanes itinérantes avec 5 départs différents étaient mis en place.  5 communes ont été choisies pour la distribution des tracts avant de se rencontrer au CHU de pointe-à-Pitre : Basse-Terre, Capesterre, Saint-François, Anse-Bertrand et Sainte- Rose.

Ce changement de forme de la mobilisation vise à sensibiliser la population aux différentes revendications des organisations syndicales en particulier la suppression du pass sanitaire et la suspension des personnels suspendus. Une occasion aussi de soutenir Denis Deloumeaux , un agent du CHU suspendu et en grève de la faim depuis le 12 février dernier.

Ce lundi 7 mars 2022, le tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre a jugé plusieurs personnes qui ont participé au mouvement anti-vaccination obligatoire, en novembre et décembre 2021, en Guadeloupe. Ils avaient tous été interpellés, pour avoir contribué à des barrages routiers, ou à des heurts avec les forces de l’ordre.

Parmi eux, un pompier volontaire de 35 ans avec « deux faits à son actif » : Le 15 novembre 2021, au premier jour des manifestations contre l’obligation vaccinale, un barrage avait été érigé devant la caserne des pompiers à Morne-à-l’Eau. Le pompier volontaire s’était alors « emparé d’un canon à eau, avait retiré la plaque de protection« , projetant un « jet tendu vers les gendarmes, qui ont été projetés et blessés« , Un gendarme a présenté « une ITT d’un jour« . Deux mois plus tard, le 24 janvier 2022, l’homme avait de nouveau été interpellé, sur un autre barrage, à Port-Louis cette fois. Il avait alors refusé le contrôle d’identité et s’était enfui en courant, avant d’être rattrapé, selon la même source.

Il a été condamné à huit mois de prison avec sursis, une interdiction de détention d’arme pendant trois ans et 800 euros d’amende.

Une éducatrice en institut spécialisé, qui avait également participé à un barrage, a été condamnée pour « entrave à la circulation« , à 500 euros d’amende.
Idem pour deux hommes sans emploi qui, de surcroit, ont écopé d’une amende supplémentaire de 300 euros, pour « refus de signalisation » ; cela signifie qu’ils ont refusé d’être pris en photo et de donner leurs empreintes.

Ce mardi 8 mars 2022, peu avant 7h, des hommes, à l’initiative de l’UTS-UGTG (Union des travailleurs de la santé), avaient choisi le Pont de La Gabarre pour distribuer des tracts de soutien à Denis Deloumeaux en grève de la faim depuis le 12 février.

Lorsqu’on connait la circulation journalière sur le Pont de la Gabarre à cette heure de la journée on n’est pas surpris de l’importance des embouteillages provoqués par cette distribution : Montebello à Petit-Bourg, Poucet au Gosier, Providence aux Abymes, Beausoleil à Baie-Mahault et dans Pointe-à-Pitre.